Je suis souvent déçu par la poésie dite érotique écrite par les hommes, résumée qu’elle est à de la description rimée. Suffirait-il d’employer quelques mots crus connus de tous pour que soudain vivent le charme et l’excitation, plutôt que l’éveil du désir ? Les femmes sont plus habiles à créer une ambiance érotique tout en sachant appeler un chat un chat, car elles n’oublient pas de lier au charnel ce à quoi répond Eros, le défi que face à la mort le corps relève, comme un feu d’artifices jeté à la face du ciel, tandis que les hommes en restent à la contemplation de leur puissance fléchissante. Fort heureusement certains, comme Pierre Louÿs, cultivèrent gaillardement l'humour link, tandis que Guillaume Apollinaire se rua dans le burlesque link, et que Jean de La Fontaine ne se contenta pas d'écrire des fables pour écoliers... link. Sous les doigts féminins, le trivial devient subtil, et vient l’ivresse de ce moment où la mortalité s’oublie. Je prendrai pour exemples Renée Vivien link et Mireille Sorgue link. Rire, sourire, désir, plaisir, délire, défi, audace, fantasme, provocation, tendresse, délicatesse et fougue, doivent habiller ce moment où notre animalité se libère et s’exprime dans l’ignorance de toute faute inventée, un moment de joie nue, d’abandon à ce que l’on est et d’en rire, quand on s’adonne l’un à l’autre.
Ne pas se priver de lire l'Aphrodite de Pierre Louÿs. link
Rêverie secrète
Belle endormie, de quoi rêves-tu, qu’attends-tu ?
Perverse, ignores-tu dévoiler à mes yeux
Ce corps nu somptueux aux parcours délicieux…
Mais tu dors, inconsciente à mes fantasmes tus.
Oh ! À te voir ainsi exposée, qui croirait
A ta feinte innocence ? Effarouchée ? Surprise ?
De quels baisers, de quelles mains, de quelle prise,
Tes songes sont peuplés que dire n’oserais ?
Monts et vallées, ruisseaux, forêts, grottes secrètes !
Et la senteur subtile où source mon ivresse,
Voici les pièges doux que ton sommeil décrète !
Tandis que contre toi lentement je me couche,
Ne verrais-je un sourire briller sur ta bouche ?
Tandis que ton cœur s’ouvre à profonde caresse…
(jeudi 13 janvier 2011)
Soirée au théâtre
Impossible en ces lieux de céder à tes yeux
Aguicheurs, à ta bouche, à tes lèvres gourmandes
Que ta langue furtive, en aveu tendancieux,
Humecte afin que mes désirs vers toi se tendent.
En ce théâtre il me faudra languir, souffrir
Trois heures la tirade en laquelle l’amante
Et l’amant ne pourront de leur mal se guérir.
Attendre ! Attendre enfin du rideau la descente !
Dans mes jambes, mes bras, mes reins, la séminale
Ardeur fourmille en vain, contrainte à rétention
Tandis qu’en mon esprit, chevauchée infernale !
Torrentielle fureur ! Sous la vive attention
De ta main sur mon genou augmentent, s’endiguent ;
Sur ma cuisse soudain, tes doigts dansent la gigue…
(lundi 24 janvier 2011)
Eternel féminin
De multiples atouts, ou de multiples pièges,
La femme sait user pour attirer le fauve
Qui, brave bête, bave et ne lâche son siège,
De crainte que sa proie vers un autre se sauve.
Est bien fini le temps des femmes sans désir
Ni fantasmes ! Tant mieux ! Qui s’en plaindrait ? Pas moi !
Et je me nomme chance qu’elle sait saisir…
Convoité, rien autant ne me met en émoi !
Et si le tout est plus que somme des parties,
Que d’horizons nouveaux à nos appétits s’ouvrent…
Qui mieux possède ce savoir des réparties ?
Missionnaire au placard ! Avec un peu d’adresse,
Les plaisirs interdits à nos goûts se découvrent,
Et qu’importent les cons, dès lors qu’on a les fesses !
Paraphrase du vers de Musset « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ».
(mardi 25 janvier 2011)
Jardinage
Tu m’avais deviné approcher dans ton dos
Pour te dire combien ta chair m’avait manqué,
Qu’un jour vivre hors de toi serait trop lourd fardeau
Si du soir n’espérais de ton corps le banquet.
Accoudée au comptoir de ce bar, reins creusés,
Tu tendais, dans ton jean enserré, ton cul rond.
Quand tes fesses roulèrent, mes sens embraisés
Surent combien ta nuit envisageait l’affront.
Que ton panier fut bien garni je promettais,
En veillant que ta danse ne rompe la digue.
Promettre suffit-il ? dit ta main qui tâtait.
« Il n’est de fleurs de mes jardins que ton abeille
Ne butine » dit-elle, « et plante sans fatigue !
Pourvu que j’aie les fruits, qu’importe la corbeille… »
Paraphrase du vers de Musset « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ».
(jeudi 27 janvier 2011)
Propos de demoiselle
Pastiche de « Green » de Verlaine. link
« Voici tes fruits, ma fleur, et j’effeuille ta branche
Et puis voici mon cul, qui ne bat que pour vous.
Vas-y ! Déchire-le, en me tenant les hanches,
Que le bas de mon dos à ta bite soit doux !
Je veux mon corps couvert encor de ta rosée
Que ton sexe en ta main a giclé sur mon front.
Et ma peau sans fatigue à ton œil exposée
Attend ces ruts brutaux qui la délasseront.
Et sur ton vit vaillant laisse rouler ma tête
Toute sonore encor de tes ardents baisers ;
Laisse-la savourer ta vigueur qui tempête,
Que je goûte à ce feu qu’en moi vous déposez. »
(lundi 31 janvier 2011)
Discours
Pour convaincre, il faut tenir la distance,
Souple pour s’adapter, en restant ferme
Sur son objectif. La juste cadence
Doit être maintenue jusqu’à son terme.
Savoir respirer retient la substance
Qui se cumule jusqu’à ce que germe
La fleur de l’esprit à l’ultime instance :
Car la pensée flotte à raz d’épiderme.
L’attentive attend le propos qui tarde ;
Tout n’est que masque en les humains rapports :
Il sera l’onguent dont elle se farde.
Que de secrets dans le bâton d’Euclide !
Se peut-il qu’un jour, enfin il soit vide ?
N’assure plus son amoureux transport ?
(mardi 22 février 2011)
Nuits
Malgré toutes ces nuits, tous ces jours, loin de toi
Vécus, je rêve encor de ton corps, de ta peau,
De tes jambes, tes bras, me couvrant comme un toit,
Lors que ma vie n’est plus qu’un triste et las tripot.
J’aurais voulu ne pas me réveiller, sentir
Encore ton parfum m’infliger son ivresse,
Et voir sur ton satin la lumière s’enfuir,
Avec elle vibrer quand son flot te caresse.
Je sais que d’autres nuits tu viendras m’habiter,
Que je peux m’endormir espérant ta visite ;
Et dans ton souvenir, je sombre m’abriter.
Ici, tout se défait, chaque chose se quitte ;
Mais je sais qu’une nuit, le rêve viendra
Que je demeurerai sans éveil dans tes bras.
(samedi 19 mars 2011)
Le divan
Ton corps est un divan aux formes capricieuses
Sur lequel ton amant ne trouve le sommeil
Il s’enivre au parfum de liqueurs capiteuses
Ébloui par l’éclat que dardent tes soleils
Se dessinent les lignes par monts et par vals
Qui roulent son désir vers ta source abondante
Il ne souhaite péniche échapper au canal
Que tes berges jumelles suivent descendantes
Car en ton paysage charmant tout est double
Et même l’est deux fois Quand lascive tu tournes
Offrant après le Ying le Yang caché qui trouble
Après s’être oublié au frais de tes doux seins
Par ta croupe affolé son esprit se détourne
Il ne sait plus arder son cœur sur quels coussins.
(vendredi 06 juillet 2012)
L’Irrencontrée
Me pénètre souvent ce cauchemar étrange
D’une que je connais et qui peuple mes nuits
Agrémente ma vie tout autant la dérange
Qui s’en vient et s’en va turbulence sans bruits
Sont multiples ses yeux sa voix et ses cheveux
Brune ou blonde qu’en sais-je Elle immisce artifice
Sa diversité est telle que je la veux
Son caprice est ma loi sa feinte mon délice
Frivole amante qui jamais à demi s’offre
Totalement présente au geste et au baiser
Inestimable bien que n’enferme aucun coffre
Enchanteresse vive autant que raison sûre
Combien le quotidien devient à vivre aisé
Lorsque ton feu follet m’apaise et me rassure.
(lundi 02 avril 2012)
La vive gourgandine
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
Qui ne placerait son fer
En l’âtre où brûle son feu
De ses seize ans qu’il est fier
Que vite en serait son feu
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
Elle sait suivi son fil
Par la source à quelle boire
Car à vivre sans péril
N’est vraiment aucune gloire
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
Et si le désir s’accroît
Lorsque l’effet se recule
De ce qu’encore elle croit
En sera le véhicule
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
Dès qu’après avoir goûté
A la baguette magique
Dès lors sera chaloupé
En connaissant la musique
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
S’il a su le vif andante
Qui rend la flamme à la braise
Fit de pucelle une amante
Sera d’amour catachrèse
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
Tu sauras la farandole
De la liane qui ondule
Quand au gré de la gondole
L’eau berce le tentacule
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
Savoureux sont les délices
Par ces sinueuses lignes
Promis et doux les sévices
Dont elles s’affirment dignes.
Ô la vive gourgandine
Qui devant moi se dandine
(mercredi 27 avril 2011)
Amour physique !
Pour autant rayonner, combien bois-tu d'Ampères ?
Entre nous, règne un gouffre de plusieurs Volts;
Pour te garder, il me fallut pratiquer volte
Face sans, pour autant, me comporter en père...
Tu sus magnétiser, sans savoir Faraday,
Illuminer mes jours comme un vrai phare a day,
Tandis que j'admirais ton blanc, vif et cou long
Qui se chargeait d'amour, d'insécables Coulombs.
Forte en mon champ, tu investis toute la place,
Substituée au Dieu que rejeta Laplace;
Mon inertie plia sous tes légers Newtons. (1)
Varia ta constance, ainsi que veut Lagrange,
Bien que je prisse joie de serrer ton nœud, ton
Anneau borroméen égaré dans la grange.
(1) L'unité de force est le Newton qui doit, en tant que telle, se prononcer « neuton »
(vendredi 29 août 2008)
L’attente
Assis à son bureau et fumant son cigare
Il contemple l’écran en quête d’un éclat
D’une surprise qui viendrait sans crier gare
Et donnerait relief à son univers plat
Son doigt subtil léger sur le clavier s’égare
Quel met sa main pour son esprit saura le plat
Agrémenter d’un parfum doux subtil et rare
Cependant que son vers s’infléchit au méplat
La fenêtre est ouverte et le chat se promène
Tandis que du CD s’élève la rengaine
Du chorus de Jephta que Handel composa
Soirée si douce ne saurait au devant d’elle
Annoncer une nuit que plaisance arrosa
Viendra-t-elle chez moi la dive demoiselle.
(samedi 19 juillet 2008)
Tes yeux
Et voici que mes vers ne sont plus inspirés
L’ont-ils jamais été Car il me faut la nuit
Pour que soit dévoilée et se brise l’ennui
Cette tapisserie d’infinis désirés
Quand le soleil s’éteint alors surgit le ciel
Aux multiples regards qui se pointent vers nous
Le présent se défait l’avenir se dénoue
Et l’homme n’est plus seul face au vaste essentiel
Je ne suis pas Caïn pleurant au fond du trou
Je contemple la nue et son léger froufrou
Qui brille en ton iris comme autant de paillettes
Et je plonge en tes yeux et me noie en leur eau
J’en reviens vers l’enfant vers la source zéro
Avant que dans l’azur ne sois à nouveau miette.
(vendredi 04 juillet 2008)
Ce sot d'homme
N’aurais-je tant vécu que pour conter sornette ?
Ne pas d’amour parler mais de ma bistouquette ?
Que dire de ses yeux, qui m’avaient convaincu,
Obsédé que j’étais du frémir de son cul ?
Car elle l’avait beau et vaillant, la coquine !
Et d’un seul clin de rein, savait darder ma pine,
Que ce soit dans la chambre ou bien en promenade,
Et chacun, pour sa part, songeait à l’estocade.
Souvent, je la laissais devant déambuler,
Tandis qu’en son étroit mon oiseau fabulait.
N’allez croire que j’eus de pensées grossières,
Comment oser penser quand valse son derrière ?
En jupe étroite ou jean serré, il promettait
Ce qu’il saurait si bien tenir… Moi, je mâtais !
Qu’il me piégeait dans le déduit de ses délices
Si bien avant que je ne m’use à son service,
Je le savais, et me laissais tirer par lui.
Mon sabre en son fourreau n’avait encore luit,
Mais sa cambrure répondait, dure et sereine,
A la sienne, caprice et joug de souveraine.
Elle aimait, belle garce, en son for intérieur,
Sentir glisser la lame où se perd la vigueur,
Sachant jouer la hanche vive qui déboîte,
Surtout quand l’invité choisit la porte étroite.
(jeudi 19 juin 2008)
La courre
Ô viens ma fleur que je te déshabille
Laisse moi découvrir la profonde vallée
Qu entre tes reins nul glacier ne creusa
Laisse moi parcourir ces sentes sur tes seins
Qu'aucun souffle jamais n éroda
Ô viens ma parure au ciel décoiffée
Quelle forêt jamais ne sut mieux vaincre mes incendies
Laisse moi me noyer dans le flot de ta voix
Étouffer sous le poids de ce marbre
Où taillés furent par la main sûre des ères
Le galbe de tes lombes l'arrondi de ta hanche
S'il est un qui un jour rechercha le parfait
Cette idée vers laquelle il faut tendre
Cette ombre à la paroi de la caverne
Qui dicte à la raison tout le frémir des sens
S'il est un duquel tout autre procède
Je sais pour l'avoir dessiné
Guidé par la ligne que propose ton corps
Qu'il n est de poésie qu'il n'est géométrie
Hors cette foule d'assertions
Qu'offre à mes yeux à mes mains
L'unité de ta diversité
Que laisse ta rivière au lit que longtemps elle creusa
Le limon des temps futurs l'empreinte des montagnes l'éternité des océans
Dans la nuit de tes yeux le ciel se découvrit et s'étira à ta semblance
Et quand tu vis notre frayeur face à ton immensité
Pour ménager l'enfant craignant croquemitaine
Tu couvris ton azur de la buée de ton regard ô ces nuages qui s'épandent
Je ne connais d'autre orage que clignement de tes paupières
Je ne connais d'autre fureur que le frémir de ta peau
Et ne crains autre absence que celle du silence quand tu t'effaces
Indépendante insolente incessante primesautière
Car ton vouloir est fantaisie tel un soupir de lassitude et de patience
Et tu meubles la durée d'un haussement d'épaules quand tu te tournes en ton lit
L'étendue naît de ton corps prélassé sur les draps
Et tu donnes à l'espace matière de ta seule substance
Laisse moi laisse moi découvrir d'où surgissent les flots et les bois tes zéphyrs
Laisse moi te dévêtir ôter ces voiles qui masquent mon dépérir
Tu ne sais rien de ce pouvoir dont tu abuses du fait seul que tu sois
Et je suis condamné à demeurer hors de toi quoique je puisse
Malgré tous mes énervements malgré tous mes échauffements
C'est Sisyphe condamné à rouler son désespoir sur le flanc des vanités
C'est Prométhée qui offre son foie aux caprices de tes jeux
C'est cette bête cornue qui jamais dans son dédale ne vit ton fil libérateur
Laisse moi rêver croire espérer qu'un jour je trouverai la fin de mes désirs
Laisse moi ma nuit mon aube mon Atlantide solitude mon sable ma pluie
Laisse moi durer encore un peu auprès de toi
Comme caillou convoite la terre
Comme lumière envahit l'atmosphère
Comme l'oiseau caresse les vents
Laisse moi passer ride timide sur le battement de ton lac
Que sais-je d'autre qu être Poucet perdu dans ta forêt
Qui fuit en empochant ses cailloux cet ogre qui le suit son ombre
Car je suis si petit insignifiant ridicule devant ton nom qui m'échappe
Donne moi le baptême d'un baiser
Que je sache où je suis
D'aussi près de toi infiniment éloigné
J'ai si peu à attendre que c'est déjà trop pour ce cœur effrayé
Le pilori de tes pupilles retient ma chute dans le vide
Ce sûr supplice de ma certitude d'être
Cette joie meurtrière d'approcher de toi mon origine ma fin
Aimer n'est qu'apprendre à boire son propre poison
Découvrir la saveur du Styx délectable
Et j'ai appris à tes baisers toujours cédés jamais donnés
À suivre vers ta bouche le chemin de désespérance
Laisse moi jusqu à ce jour où je pourrai
Où je pourrai enfin
Enfin te laisser
Ce jour enfin
Où je pourrai
Où je pourrai enfin
Te rencontrer
Déshabillée.
(dimanche 09 décembre 2007)
Le secret de Miranda
Elle était belle Miranda ! Quel était son secret ?
Chaque matin, elle s’allait sur la plage baigner…
Je prenais du repos dans un hôtel saisonnier,
Et je voyais en sa ballade un usage sacré.
Jamais je n’eus l’audace, en grand timide que j’étais,
De l’aborder, l’interroger, sur le motif étrange
Qui l’animait. Elle passait, et son visage d’ange
Semblait rayonner bien plus fort que les feux de l’été.
Décidé un matin de rompre le mystère, de loin je la suivis.
Dévoilée sur la plage, étendue, belle insouciante
Lisait. Caché par une dune, j’observais, luisante,
Sa peau se tendre et se gonfler du frémir de sa vie.
Tout était calme et silencieux, qu’allait-il advenir ?
Des hommes s’approchaient, deux amis devisant. Aucun
Ne fut surpris là de trouver la lectrice. Quelqu’un
Aurait-il pu, sans avertir, dans ce tableau surgir ?
En ce qui s’ensuivit, rien ne vint troubler la paix.
Sûrs d’eux, habitués, me sembla-t-il, à ce manège,
Voici qu’ils approchèrent, aussi légers qu’un arpège.
Pourquoi eus-je impression que le ciel devint épais ?
L’un d’eux s’agenouilla juste au dessus de son visage,
Et l’autre se glissa entre ses jambes qui s’ouvrirent.
Juste régnait comme l’accueil d’un baiser qui expire ;
Les gestes et le rythme s’accordaient au paysage.
Je restais là à contempler et son ventre onduler
Et sa bouche cercler le membre chaud et dur et tendre,
Jusqu’à ce que le chant de l’abandon se fit entendre.
Ce jour, j’appris qu’amour a nombre accords à moduler.
Quand ses amants partirent où la morale régnait,
Son livre entre ses mains se dressait, sans aucun regrets.
Elle était belle Miranda ! Quel était son secret ?
Chaque matin, elle s’allait sur la plage baigner…
(lundi 06 août 2007)
Prim'amore
Enfant, je m’enflammais pour les feux d’une femme,
Qui brûlait mon désir de grandir jusqu’à elle.
Elle avait la chair blanche de celle où se pâment,
L’innocence animale et sa vive étincelle.
Sa fragrance de lait chatouillait mes narines
Et je croyais goûter, en mon sang qui s’éveille,
L’essence des abysses, ses humeurs marines,
Tandis que dessinait sa bouche des merveilles !
En novice appliqué, j’usais de l’âge tendre
Pour fendre ses récifs et leurs nouveaux ajours ;
Pour baller en ses eaux, elle fût mon scaphandre…
Dame ! Aujourd’hui vieille qui me fit tant rêver !
Plus proche désormais de la nuit que du jour,
Que le grain a germé, sache ! et le blé levé.
(vendredi 20 juillet 2007)
Conter fleurette (sonnet champêtre)
Maître vacher aimait Fleurette belle vache ;
Il la menait au pré brouter les herbes tendres.
Mais d’el Toro le fier, de sombre rutilance,
De rude étreinte Fleur rêvait, aimait entendre
Les chauds mugissements emplis d’outrecuidances !
Ô combien ses grands yeux d’ébats fous sous pommier
Rêvaient ! Combien le gazon serait doux sommier !
Maître vacher lui déclamait ses beaux sonnets,
Ventant au vent la grâce des bijoux bovins…
Mais Fleur, nonchalamment, de sa queue chassait mouches…
« Que pour ses cornes tu n’as d’yeux ! » vacher convint,
« Que t’importent les fleurs qui sortent de ma bouche ! »
Vacher admit qu’esprit à Fleur ne fut donné,
Qui meugla : « Vieux con ! quand est-ce que tu me lâches ! »
Morale :
Quand on est un vacher et qu’on n’a qu’une vache
Mieux vaut compter ses sous que solde de ses fleurs
Car la vache à tout Buffalo soudain s’attache
Et nul stradivarius ne sèchera vos pleurs.
(lundi 16 avril 2007)
Marelle
Quand je serai bien vieux sans aucune chandelle
Je rêverai encore encore aux toutes belles
En souhaitant de croiser au coin d’une ruelle
Une verte mémé pour sauter à marelle
Je lui dirai Ma chère allons au dernier saut
En cet endroit si doux en cet endroit si chaud
Garder notre secret tout en catimini
Dans cette chambre ouverte dite paradis
Et voyez ma belle âme à travers mes paupières
Mon regard dans vos yeux se détourner d’hier
Que si tremble ma main de nerf ce n’est faiblesse
C’est que tout simplement elle tire la laisse
Qui tient mon cœur au bout qui s’emballe pour vous
Et vous soit souffle mon baiser qui se dévoue.
(08/09/2003)