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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 18:03

11870210-sculptures-de-couples-amoureux-illustrant-le-kama-.jpg  

Je suis souvent déçu par la poésie dite érotique écrite par les hommes, résumée qu’elle est à de la description rimée. Suffirait-il d’employer quelques mots crus connus de tous pour que soudain vivent le charme et l’excitation, plutôt que l’éveil du désir ? Les femmes sont plus habiles à créer une ambiance érotique tout en sachant appeler un chat un chat, car elles n’oublient pas de lier au charnel ce à quoi répond Eros, le défi que face à la mort le corps relève, comme un feu d’artifices jeté à la face du ciel, tandis que les hommes en restent à la contemplation de leur puissance fléchissante. Fort heureusement certains, comme Pierre Louÿs, cultivèrent gaillardement l'humour link, tandis que Guillaume Apollinaire se rua dans le burlesque link, et que Jean de La Fontaine ne se contenta pas d'écrire des fables pour écoliers... link. Sous les doigts féminins, le trivial devient subtil, et vient l’ivresse de ce moment où la mortalité s’oublie. Je prendrai pour exemples Renée Vivien link et Mireille Sorgue link. Rire, sourire, désir, plaisir, délire, défi, audace, fantasme, provocation, tendresse, délicatesse et fougue,  doivent habiller ce moment où notre animalité se libère et s’exprime dans l’ignorance de toute faute inventée, un moment de joie nue, d’abandon à ce que l’on est et d’en rire, quand on s’adonne l’un à l’autre.

Ne pas se priver de lire l'Aphrodite de Pierre Louÿs. link

 

Rêverie secrète

 

Belle endormie, de quoi rêves-tu, qu’attends-tu ?

Perverse, ignores-tu dévoiler à mes yeux

Ce corps nu somptueux aux parcours délicieux…

Mais tu dors, inconsciente à mes fantasmes tus.

 

Oh ! À te voir ainsi exposée, qui croirait

A ta feinte innocence ? Effarouchée ? Surprise ?

De quels baisers, de quelles mains, de quelle prise,

Tes songes sont peuplés que dire n’oserais ?

 

Monts et vallées, ruisseaux, forêts, grottes secrètes !

Et la senteur subtile où source mon ivresse,

Voici les pièges doux que ton sommeil décrète !

Tandis que contre toi lentement je me couche,

Ne verrais-je un sourire briller sur ta bouche ?

Tandis que ton cœur s’ouvre à profonde caresse…

 

(jeudi 13 janvier 2011)

 

Soirée au théâtre

 

Impossible en ces lieux de céder à tes yeux

Aguicheurs, à ta bouche, à tes lèvres gourmandes

Que ta langue furtive, en aveu tendancieux,

Humecte afin que mes désirs vers toi se tendent.

 

En ce théâtre il me faudra languir, souffrir

Trois heures la tirade en laquelle l’amante

Et l’amant ne pourront de leur mal se guérir.

Attendre ! Attendre enfin du rideau la descente !

 

Dans mes jambes, mes bras, mes reins, la séminale

Ardeur fourmille en vain, contrainte à rétention

Tandis qu’en mon esprit, chevauchée infernale !

 

Torrentielle fureur ! Sous la vive attention

De ta main sur mon genou augmentent, s’endiguent ;

Sur ma cuisse soudain, tes doigts dansent la gigue…

 

(lundi 24 janvier 2011)

 

Eternel féminin

 

De multiples atouts, ou de multiples pièges,

La femme sait user pour attirer le fauve

Qui, brave bête, bave et ne lâche son siège,

De crainte que sa proie vers un autre se sauve.

 

Est bien fini le temps des femmes sans désir

Ni fantasmes ! Tant mieux ! Qui s’en plaindrait ? Pas moi !

Et je me nomme chance qu’elle sait saisir…

Convoité, rien autant ne me met en émoi !

 

Et si le tout est plus que somme des parties,

Que d’horizons nouveaux à nos appétits s’ouvrent…

Qui mieux possède ce savoir des réparties ?

 

Missionnaire au placard ! Avec un peu d’adresse,

Les plaisirs interdits à nos goûts se découvrent,

Et qu’importent les cons, dès lors qu’on a les fesses !

 

 

Paraphrase du vers de Musset « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». 

 

(mardi 25 janvier 2011)

 

Jardinage

 

Tu m’avais deviné approcher dans ton dos

Pour te dire combien ta chair m’avait manqué,

Qu’un jour vivre hors de toi serait trop lourd fardeau

Si du soir n’espérais de ton corps le banquet.

 

Accoudée au comptoir de ce bar, reins creusés,

Tu tendais, dans ton jean enserré, ton cul rond.

Quand tes fesses roulèrent, mes sens embraisés

Surent combien ta nuit envisageait l’affront.

 

Que ton panier fut bien garni je promettais,

En veillant que ta danse ne rompe la digue.

Promettre suffit-il ? dit ta main qui tâtait.

 

« Il n’est de fleurs de mes jardins que ton abeille

Ne butine » dit-elle, « et plante sans fatigue !

Pourvu que j’aie les fruits, qu’importe la corbeille… »

 

Paraphrase du vers de Musset « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ».

 

(jeudi 27 janvier 2011)

 

Propos de demoiselle

Pastiche de « Green » de Verlaine. link

 

« Voici tes fruits, ma fleur, et j’effeuille ta branche

Et puis voici mon cul, qui ne bat que pour vous.

Vas-y ! Déchire-le, en me tenant les hanches,

Que le bas de mon dos à ta bite soit doux !

 

Je veux mon corps couvert encor de ta rosée

Que ton sexe en ta main a giclé sur mon front.

Et ma peau sans fatigue à ton œil exposée

Attend ces ruts brutaux qui la délasseront.

 

Et sur ton vit vaillant laisse rouler ma tête

Toute sonore encor de tes ardents baisers ;

Laisse-la savourer ta vigueur qui tempête,

Que je goûte à ce feu qu’en moi vous déposez. »

 

(lundi 31 janvier 2011)

 

Discours

 

Pour convaincre, il faut tenir la distance,

Souple pour s’adapter, en restant ferme

Sur son objectif. La juste cadence

Doit être maintenue jusqu’à son terme.

 

Savoir respirer retient la substance

Qui se cumule jusqu’à ce que germe

La fleur de l’esprit à l’ultime instance :

Car la pensée flotte à raz d’épiderme.

 

L’attentive attend le propos qui tarde ;

Tout n’est que masque en les humains rapports :

Il sera l’onguent dont elle se farde.

 

Que de secrets dans le bâton d’Euclide !

Se peut-il qu’un jour, enfin il soit vide ?

N’assure plus son amoureux transport ?

 

(mardi 22 février 2011)

 

Nuits

 

Malgré toutes ces nuits, tous ces jours, loin de toi

Vécus, je rêve encor de ton corps, de ta peau,

De tes jambes, tes bras, me couvrant comme un toit,

Lors que ma vie n’est plus qu’un triste et las tripot.

 

J’aurais voulu ne pas me réveiller, sentir

Encore ton parfum m’infliger son ivresse,

Et voir sur ton satin la lumière s’enfuir,

Avec elle vibrer quand son flot te caresse.

 

Je sais que d’autres nuits tu viendras m’habiter,

Que je peux m’endormir espérant ta visite ;

Et dans ton souvenir, je sombre m’abriter.

 

Ici, tout se défait, chaque chose se quitte ;

Mais je sais qu’une nuit, le rêve viendra

Que je demeurerai sans éveil dans tes bras.

 

(samedi 19 mars 2011)

 

Le divan

 

Ton corps est un divan aux formes capricieuses

Sur lequel ton amant ne trouve le sommeil

Il s’enivre au parfum de liqueurs capiteuses

Ébloui par l’éclat que dardent tes soleils

 

Se dessinent les lignes par monts et par vals

Qui roulent son désir vers ta source abondante

Il ne souhaite péniche échapper au canal

Que tes berges jumelles suivent descendantes

 

Car en ton paysage charmant tout est double

Et même l’est deux fois Quand lascive tu tournes

Offrant après le Ying le Yang caché qui trouble

 

Après s’être oublié au frais de tes doux seins

Par ta croupe affolé son esprit se détourne

Il ne sait plus arder son cœur sur quels coussins.

 

(vendredi 06 juillet 2012)

 

L’Irrencontrée

 

Me pénètre souvent ce cauchemar étrange

D’une que je connais et qui peuple mes nuits

Agrémente ma vie tout autant la dérange

Qui s’en vient et s’en va turbulence sans bruits

 

Sont multiples ses yeux sa voix et ses cheveux

Brune ou blonde qu’en sais-je Elle immisce artifice

Sa diversité est telle que je la veux

Son caprice est ma loi sa feinte mon délice

 

Frivole amante qui jamais à demi s’offre

Totalement présente au geste et au baiser

Inestimable bien que n’enferme aucun coffre

 

Enchanteresse vive autant que raison sûre

Combien le quotidien devient à vivre aisé

Lorsque ton feu follet m’apaise et me rassure.

 

(lundi 02 avril 2012)

 

La vive gourgandine

 

Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

 Qui ne placerait son fer

 En l’âtre où brûle son feu

 De ses seize ans qu’il est fier

 Que vite en serait son feu

 

 Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

 Elle sait suivi son fil

 Par la source à quelle boire

 Car à vivre sans péril

 N’est vraiment aucune gloire

 

 Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

 Et si le désir s’accroît

 Lorsque l’effet se recule

 De ce qu’encore elle croit

 En sera le véhicule

 

 Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

 Dès qu’après avoir goûté

 A la baguette magique

 Dès lors sera chaloupé

 En connaissant la musique

 

 Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

 S’il a su le vif andante

 Qui rend la flamme à la braise

 Fit de pucelle une amante

 Sera d’amour catachrèse

 

 Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

 Tu sauras la farandole

 De la liane qui ondule

 Quand au gré de la gondole

 L’eau berce le tentacule

 

 Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

 Savoureux sont les délices

 Par ces sinueuses lignes

 Promis et doux les sévices

 Dont elles s’affirment dignes.

 

 Ô la vive gourgandine

 Qui devant moi se dandine

 

(mercredi 27 avril 2011)

 

Amour physique !

 

Pour autant rayonner, combien bois-tu d'Ampères ?

Entre nous, règne un gouffre de plusieurs Volts;

Pour te garder, il me fallut pratiquer volte

Face sans, pour autant, me comporter en père...

 

Tu sus magnétiser, sans savoir Faraday,

Illuminer mes jours comme un vrai phare a day,

Tandis que j'admirais ton blanc, vif et cou long

Qui se chargeait d'amour, d'insécables Coulombs.

 

Forte en mon champ, tu investis toute la place,

Substituée au Dieu que rejeta Laplace;

Mon inertie plia sous tes légers Newtons. (1)  

 

Varia ta constance, ainsi que veut Lagrange,

Bien que je prisse joie de serrer ton nœud, ton

Anneau borroméen égaré dans la grange.

 

(1) L'unité de force est le Newton qui doit, en tant que telle, se prononcer « neuton »

                                 

(vendredi 29 août 2008)

 

L’attente

 

Assis à son bureau et fumant son cigare

Il contemple l’écran en quête d’un éclat

D’une surprise qui viendrait sans crier gare

Et donnerait relief à son univers plat

 

Son doigt subtil léger sur le clavier s’égare

Quel met sa main pour son esprit saura le plat

Agrémenter d’un parfum doux subtil et rare

Cependant que son vers s’infléchit au méplat

 

La fenêtre est ouverte et le chat se promène

Tandis que du CD s’élève la rengaine

Du chorus de Jephta que Handel composa

 

Soirée si douce ne saurait au devant d’elle

Annoncer une nuit que plaisance arrosa

Viendra-t-elle chez moi la dive demoiselle.

 

(samedi 19 juillet 2008)

 

Tes yeux

 

Et voici que mes vers ne sont plus inspirés

L’ont-ils jamais été Car il me faut la nuit

Pour que soit dévoilée et se brise l’ennui

Cette tapisserie d’infinis désirés

 

Quand le soleil s’éteint alors surgit le ciel

Aux multiples regards qui se pointent vers nous

Le présent se défait l’avenir se dénoue

Et l’homme n’est plus seul face au vaste essentiel

 

Je ne suis pas Caïn pleurant au fond du trou

Je contemple la nue et son léger froufrou

Qui brille en ton iris comme autant de paillettes

 

Et je plonge en tes yeux et me noie en leur eau

J’en reviens vers l’enfant vers la source zéro

Avant que dans l’azur ne sois à nouveau miette.

 

(vendredi 04 juillet 2008)

  

Ce sot d'homme

 

N’aurais-je tant vécu que pour conter sornette ?

Ne pas d’amour parler mais de ma bistouquette ?

Que dire de ses yeux, qui m’avaient convaincu,

Obsédé que j’étais du frémir de son cul ?

 

Car elle l’avait beau et vaillant, la coquine !

Et d’un seul clin de rein, savait darder ma pine,

Que ce soit dans la chambre ou bien en promenade,

Et chacun, pour sa part, songeait à l’estocade.

 

Souvent, je la laissais devant déambuler,

Tandis qu’en son étroit mon oiseau fabulait.

N’allez croire que j’eus de pensées grossières,

Comment oser penser quand valse son derrière ?

 

En jupe étroite ou jean serré, il promettait

Ce qu’il saurait si bien tenir… Moi, je mâtais !

Qu’il me piégeait dans le déduit de ses délices

Si bien avant que je ne m’use à son service,

 

Je le savais, et me laissais tirer par lui.

Mon sabre en son fourreau n’avait encore luit,

Mais sa cambrure répondait, dure et sereine,

A la sienne, caprice et joug de souveraine.

 

Elle aimait, belle garce, en son for intérieur,

Sentir glisser la lame où se perd la vigueur,

Sachant jouer la hanche vive qui déboîte,

Surtout quand l’invité choisit la porte étroite.

 

(jeudi 19 juin 2008)

  

La courre

 

Ô viens ma fleur que je te déshabille

Laisse moi découvrir la profonde vallée

Qu entre tes reins nul glacier ne creusa

Laisse moi parcourir ces sentes sur tes seins

Qu'aucun souffle jamais n éroda

Ô viens ma parure au ciel décoiffée

Quelle forêt jamais ne sut mieux vaincre mes incendies

Laisse moi me noyer dans le flot de ta voix

Étouffer sous le poids de ce marbre

Où taillés furent par la main sûre des ères

Le galbe de tes lombes l'arrondi de ta hanche

S'il est un qui un jour rechercha le parfait

Cette idée vers laquelle il faut tendre

Cette ombre à la paroi de la caverne

Qui dicte à la raison tout le frémir des sens

S'il est un duquel tout autre procède

Je sais pour l'avoir dessiné

Guidé par la ligne que propose ton corps

Qu'il n est de poésie qu'il n'est géométrie

Hors cette foule d'assertions

Qu'offre à mes yeux à mes mains

L'unité de ta diversité

Que laisse ta rivière au lit que longtemps elle creusa

Le limon des temps futurs l'empreinte des montagnes l'éternité des océans

Dans la nuit de tes yeux le ciel se découvrit et s'étira à ta semblance

Et quand tu vis notre frayeur face à ton immensité

Pour ménager l'enfant craignant croquemitaine

Tu couvris ton azur de la buée de ton regard ô ces nuages qui s'épandent

Je ne connais d'autre orage que clignement de tes paupières

Je ne connais d'autre fureur que le frémir de ta peau

Et ne crains autre absence que celle du silence quand tu t'effaces

Indépendante insolente incessante primesautière

Car ton vouloir est fantaisie tel un soupir de lassitude et de patience

Et tu meubles la durée d'un haussement d'épaules quand tu te tournes en ton lit

L'étendue naît de ton corps prélassé sur les draps

Et tu donnes à l'espace matière de ta seule substance

Laisse moi laisse moi découvrir d'où surgissent les flots et les bois tes zéphyrs

Laisse moi te dévêtir ôter ces voiles qui masquent mon dépérir

Tu ne sais rien de ce pouvoir dont tu abuses du fait seul que tu sois

Et je suis condamné à demeurer hors de toi quoique je puisse

Malgré tous mes énervements malgré tous mes échauffements

C'est Sisyphe condamné à rouler son désespoir sur le flanc des vanités

C'est Prométhée qui offre son foie aux caprices de tes jeux

C'est cette bête cornue qui jamais dans son dédale ne vit ton fil libérateur

Laisse moi rêver croire espérer qu'un jour je trouverai la fin de mes désirs

Laisse moi ma nuit mon aube mon Atlantide solitude mon sable ma pluie

Laisse moi durer encore un peu auprès de toi

Comme caillou convoite la terre

Comme lumière envahit l'atmosphère

Comme l'oiseau caresse les vents

Laisse moi passer ride timide sur le battement de ton lac

Que sais-je d'autre qu être Poucet perdu dans ta forêt

Qui fuit en empochant ses cailloux cet ogre qui le suit son ombre

Car je suis si petit insignifiant ridicule devant ton nom qui m'échappe

Donne moi le baptême d'un baiser

Que je sache où je suis

D'aussi près de toi infiniment éloigné

J'ai si peu à attendre que c'est déjà trop pour ce cœur effrayé

Le pilori de tes pupilles retient ma chute dans le vide

Ce sûr supplice de ma certitude d'être

Cette joie meurtrière d'approcher de toi mon origine ma fin

Aimer n'est qu'apprendre à boire son propre poison

Découvrir la saveur du Styx délectable

Et j'ai appris à tes baisers toujours cédés jamais donnés

À suivre vers ta bouche le chemin de désespérance

Laisse moi jusqu à ce jour où je pourrai

Où je pourrai enfin

Enfin te laisser

Ce jour enfin

Où je pourrai

Où je pourrai enfin

Te rencontrer

Déshabillée.

 

(dimanche 09 décembre 2007)

 

Le secret de Miranda

 

Elle était belle Miranda ! Quel était son secret ?

Chaque matin, elle s’allait sur la plage baigner…

Je prenais du repos dans un hôtel saisonnier,

Et je voyais en sa ballade un usage sacré.

 

Jamais je n’eus l’audace, en grand timide que j’étais,

De l’aborder, l’interroger, sur le motif étrange

Qui l’animait. Elle passait, et son visage d’ange

Semblait rayonner bien plus fort que les feux de l’été.

 

Décidé un matin de rompre le mystère, de loin je la suivis.

Dévoilée sur la plage, étendue, belle insouciante

Lisait. Caché par une dune, j’observais, luisante,

Sa peau se tendre et se gonfler du frémir de sa vie.

   

Tout était calme et silencieux, qu’allait-il advenir ?

Des hommes s’approchaient, deux amis devisant. Aucun

Ne fut surpris là de trouver la lectrice. Quelqu’un

Aurait-il pu, sans avertir, dans ce tableau surgir ?

 

En ce qui s’ensuivit, rien ne vint troubler la paix.

Sûrs d’eux, habitués, me sembla-t-il, à ce manège,

Voici qu’ils approchèrent, aussi légers qu’un arpège.

Pourquoi eus-je impression que le ciel devint épais ?

 

L’un d’eux s’agenouilla juste au dessus de son visage,

Et l’autre se glissa entre ses jambes qui s’ouvrirent.

Juste régnait comme l’accueil d’un baiser qui expire ;

Les gestes et le rythme s’accordaient au paysage.

 

Je restais là à contempler et son ventre onduler

Et sa bouche cercler le membre chaud et dur et tendre,

Jusqu’à ce que le chant de l’abandon se fit entendre.

Ce jour, j’appris qu’amour a nombre accords à moduler.

 

Quand ses amants partirent où la morale régnait,

Son livre entre ses mains se dressait, sans aucun regrets.

Elle était belle Miranda ! Quel était son secret ?

Chaque matin, elle s’allait sur la plage baigner…

 

(lundi 06 août 2007)

 

Prim'amore

 

Enfant, je m’enflammais pour les feux d’une femme,

Qui brûlait mon désir de grandir jusqu’à elle.

Elle avait la chair blanche de celle où se pâment,

L’innocence animale et sa vive étincelle.

 

Sa fragrance de lait chatouillait mes narines

Et je croyais goûter, en mon sang qui s’éveille,

L’essence des abysses, ses humeurs marines,

Tandis que dessinait sa bouche des merveilles !

 

En novice appliqué, j’usais de l’âge tendre

Pour fendre ses récifs et leurs nouveaux ajours ;

Pour baller en ses eaux, elle fût mon scaphandre…

 

Dame ! Aujourd’hui vieille qui me fit tant rêver !

Plus proche désormais de la nuit que du jour,

Que le grain a germé, sache ! et le blé levé.

 

(vendredi 20 juillet 2007)

 

Conter fleurette (sonnet champêtre)

 

Maître vacher aimait Fleurette belle vache ;

Il la menait au pré brouter les herbes tendres.

Mais d’el Toro le fier, de sombre rutilance,

De rude étreinte Fleur rêvait, aimait entendre

 

Les chauds mugissements emplis d’outrecuidances !

Ô combien ses grands yeux d’ébats fous sous pommier

Rêvaient ! Combien le gazon serait doux sommier !

Maître vacher lui déclamait ses beaux sonnets,

 

Ventant au vent la grâce des bijoux bovins…

Mais Fleur, nonchalamment, de sa queue chassait mouches…

« Que pour ses cornes tu n’as d’yeux ! » vacher convint,

 

« Que t’importent les fleurs qui sortent de ma bouche ! »

Vacher admit qu’esprit à Fleur ne fut donné,

Qui meugla : « Vieux con ! quand est-ce que tu me lâches ! »

 

Morale :

Quand on est un vacher et qu’on n’a qu’une vache

Mieux vaut compter ses sous que solde de ses fleurs

Car la vache à tout Buffalo soudain s’attache

Et nul stradivarius ne sèchera vos pleurs.

 

(lundi 16 avril 2007)

 

 

Marelle

 

Quand je serai bien vieux sans aucune chandelle

Je rêverai encore encore aux toutes belles

En souhaitant de croiser au coin d’une ruelle

Une verte mémé pour sauter à marelle

 

Je lui dirai Ma chère allons au dernier saut

En cet endroit si doux en cet endroit si chaud

Garder notre secret tout en catimini

Dans cette chambre ouverte dite paradis

 

Et voyez ma belle âme à travers mes paupières

Mon regard dans vos yeux se détourner d’hier

Que si tremble ma main de nerf ce n’est faiblesse

 

C’est que tout simplement elle tire la laisse

Qui tient mon cœur au bout qui s’emballe pour vous

Et vous soit souffle mon baiser qui se dévoue.

 

(08/09/2003)

 

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"Un chant d’amour est-il autre chose que du vent ?" (Les sept couleurs du vent) 
"Le chemin des cœurs n'a que les détours qu'on lui oppose" (Aubertin d'Avalon)  - Bernard Tirtiaux - 
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