Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 23:39

180px-Passage de l'Opéra(…) Mais quand les plus savants des hommes m’auront appris que la lumière est une vibration, qu’ils m’en auront calculé la longueur d’onde, quel que soit le fruit de leurs travaux raisonnables, ils ne m’auront pas rendu compte de ce qui m’importe dans la lumière, de ce que m’apprennent un peu d’elle mes yeux, de ce qui me fait différent de l’aveugle, et qui est matière à miracle, et non point objet de raison.

Il y a plus de matérialisme grossier qu’on ne croit dans le sot rationalisme humain. Cette peur de l’erreur, que dans la fuite de mes idées tout, à tout instant, me rappelle, cette manie de contrôle, fait préférer à l’homme l’imagination de la raison à l’imagination des sens. Et pourtant c’est toujours l’imagination seule qui agit. Rien ne peut m’assurer de la réalité, rien ne peut m’assurer que je ne la fonde sur un délire d’interprétation, ni la rigueur d’une logique ni la force d’une sensation. Mais dans ce dernier cas l’homme qui en a passé par diverses écoles séculaires s’est pris à douter de soi-même :par quel jeu de miroirs fût-ce au profit de l’autre processus de pensée, on l’imagine. Et voilà l’homme en proie aux mathématiques. C’est ainsi que, pour se dégager de la matière, il est devenu le prisonnier des propriétés de la matière.

Au vrai je commence à éprouver en moi la conscience que ni les sens ni la raison ne peuvent, que par un tour d’escamoteur, se concevoir séparés l’un de l’autre, que sans doute ils n’existent que fonctionnellement. Le plus grand triomphe de la raison, au-delà des découvertes, des surprises, des invraisemblances, elle le trouve dans la confirmation d’une erreur populaire. Sa plus grande gloire est de donner un sens précis à des expressions de l’instinct, que les demi-savants méprisaient. La lumière ne se comprend que par l’ombre, e vérité suppose l’erreur. Ce sont ces contraires mêlés qui peuplent notre vie, qui lui donnent la saveur et l’enivrement. Nous n’existons qu’en fonction de ce conflit, dans la zone où se heurtent le blanc et le noir. Et que m’importe le blanc ou le noir ? Ils sont du domaine de la mort.

(…)

Aurais-je longtemps le sentiment du merveilleux quotidien ?je le vois qui se perd dans chaque homme qui avance dans sa propre vie comme dans un chemin de mieux en mieux pavé, qui avance dans l’habitude du monde avec une aisance croissante, qui se défait progressivement du goût et de la perception de l’insolite. C’est ce que désespérément je ne pourrai jamais savoir.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le chant de Marie
  • : Poèmes du "Chant" dédiés à Marie-Christine Y. suivis d'autres textes.
  • Contact

Profil

  • Draco
  • Amateur de mots. 
"Un chant d’amour est-il autre chose que du vent ?" (Les sept couleurs du vent) 
"Le chemin des cœurs n'a que les détours qu'on lui oppose" (Aubertin d'Avalon)  - Bernard Tirtiaux - 
©copyrightfrance - V3931D5
  • Amateur de mots. "Un chant d’amour est-il autre chose que du vent ?" (Les sept couleurs du vent) "Le chemin des cœurs n'a que les détours qu'on lui oppose" (Aubertin d'Avalon) - Bernard Tirtiaux - ©copyrightfrance - V3931D5

Recherche

Archives